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Article du Soir sur Julien Friedler

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Julien Friedler, le chaman dans la forêt des âmes

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Il a l’allure d’un homme des bois, avec ses cheveux mi-longs embroussaillés et sa chemise à carreaux. Mais un homme des bois qui peint des dizaines et des dizaines de tableaux : ses doigts portent encore les traces de pigments. Et qui écrit, à la main, sur des cahiers avec marges, les 544 pages grand format du Livre du Boz  : on verrait bien quelques taches d’encre sur ses mains. Entre son Spirit of Boz, sa Forêt des âmes, son Clochard céleste, ses Schnarks, Julien Friedler apparaît tel un chaman qui veut ouvrir les portes d’une autre perception, comme un Jim Morrison qui aurait choisi autre chose que le rock pour s’exprimer.

« J’ai commencé à peindre pour me calmer »

Au début, Friedler est psychanalyste. Lacanien. En 1990, il crée La Moire, à Bruxelles, un institut qui favorise une approche interdisciplinaire dans le champ psychanalytique. En 1997, il rompt avec tout ça. «  A la Moire, j’avais une position œcuménique par rapport à toutes les sectes psychanalytiques. J’ai été très violemment attaqué, j’ai reçu des lettres de menaces. J’ai commencé à étouffer dans cette ambiance. Tout était devenu doctrinaire, style Lacan a dit que. Je me suis fatigué de tout cela, j’ai voulu passer à autre chose. J’avais en plus le désir de créer un univers ouvert à l’invention. J’ai commencé à peindre pour me calmer. Et je me suis rendu compte que l’art avait suivi un autre chemin que la psychanalyse : l’art m’a paru être libre et me permettre de créer une spiritualité nouvelle, où rien n’est interdit. »

L’artiste d’aujourd’hui est autodidacte complet. Il peint pour se dégager l’esprit. mais il insiste : ça me convient. Son épouse Luti intervient : «  Ta peinture te permet de sortir ce qu’il y a en toi.  » Alors il peint. Chaque jour, il se laisse un espace pour le faire. S’il n’a pas la flamme, le stimmung, il laisse tomber. Cerrtains tableaux exigent de lui une longue préparation, d’autres lui viennent tout seuls. L’écriture, c’est autre chose : c’est un rêve éveillé, il faut être attentif : «  Si tu laisses passer le moment où la phrase se construit, c’est oublié.  »

« J’avais le visage plein de couleurs »

Dans sa ville du Zoute, ce Belge de 67 ans, né à Bruxelles, résident à Monaco, montre son travail. Des toiles, petit format, grand format, des photos, des sculptures, des objets détournés et drôles qu’il appelle des « schnarks. Le maître des couleurs fait penser à Basquiat, La parole des anges est un tissu de symboles où chaque pictogramme a une signification, la photo Les Ombres, Barbelés évoque les camps de concentration, Le Phoenix étend ses ailes noires… Il y a des clowns et des homoncules, des feux d’artifice, des graffitis et de drôles de poupées. C’est brut et coloré, mystérieux et torturé, puissant et quelquefois démesuré, extatique. «  Je suis souvent à la limite de la transe, explique Julien Friedler. En peignant La Chute du Jocker, je suis tombé sur le tableau, j’avais le visage plein de couleurs. » C’est en tout cas audacieux, dégagé des cadres. Julien Friedler ne se met aucune barrière.

« Je suis le coup d’envoi »

Julien Friedler ne se racrapote pas sur son œuvre. D’où ses projets repris sous le générique de Be Boz Be Art. Give up, d’abord : des objets du quotidien sont récoltés quelque part, n’importe où, circulent dans le monde, sont réinterprétés puis exposés. Le Clochard céleste, ensuite : des rues de Bruxelles aux périphériques de Jakarta ou avec les enfants des rues au Rwanda, il s’agit de donner les moyens de l’expression artistique à des personnes en situation de détresse ou de précarité. La Forêt des âmes enfin, un projet initié en 2006 et qui va durer 80 ans pour pouvoir faire intervenir des milliers de personnes.

«  Le fil de l’œuvre est basé sur un questionnaire, de Dieu existe-t-il à Qui suis-je ?, distribué dans le monde entier. Nous avons déjà 100.000 réponses. Elles seront scellées par groupes de 5.000 dans des colonnes surmontées de têtes africaines retravaillées. C’est la Forêt des âmes, qui est comme la mémoire des peuples. Tout le monde ne répond d’ailleurs pas par écrit : à Bombay, on a fait des chorégraphies, ailleurs des rappeurs ont rappé, des gens ont remis un véritable traité de philosophie…  » Julien Fiedler insiste : «  Je suis le coup d’envoi et le catalyseur de ces projets. » On ajoute pour lui : pas le maître à penser.

Depuis plus de quinze ans, Friedler a refusé de jouer le jeu du sérail et de la presse. Il a gardé cette œuvre de façon très intimiste. Aujourd’hui, il estime qu’elle a atteint assez de maturité pour s’exposer en plein jour. «  Pour résister au bruit et à la fureur du monde  ».

Les œuvres de Julien Friedler sont visibles dès le samedi 9 septembre Boslaan, 47 à 8300 Knokke sur rendez-vous au 02.550.19.85.

Le Livre du Boz, Jacques Flament Editions, 542 p., 40 € www.spiritofboz.com

 

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