Chers tous,
Yogyakarta est une ville complexe qui mêle religion, tradition et quête (même si ce mot peut paraître délicat). Il nous faut pour bien comprendre ce qui se passe en Indonésie abandonner nos habitudes. Il faut prendre le temps d'entrer dans ce qu'il convient d'appeler ici "coïncidence".
Coïncidence de temps, coïncidence d'espace, de nature, des esprits, du dieu...
Sans doute est-ce parce que nous sommes sur une île qui réunit toutes les caractéristiques, toutes les cultures, toutes les religions avec la distance de l'ailleurs, l'éloignement des continents.
Cette composante est essentielle et constructive de la culture et donc du rapport à l'art. Ici l'art est une survie, l'art est une expression qui naît à chaque coin de rue, chaque expression est une force, une symbolique.
Nous avons rencontré Elisabeth Inandiak (grand reporter pour Courrier International et qui vit ici depuis plus de 20 ans, elle auteur du livre de Centini), avec elle et son assistant Asep (dont vous avez pu voir le visage sur le blog), nous avons été dans les villages à la rencontre des arts traditionnels (sans lesquels l'art n'a pas de sens ici). Nous avons été dans les villages qu'ils ont aidé à reconstruire après l'éruption du Mérapi et après le tremblement de terre.
Avec eux j'ai saisi ce que signifie la création d'une économie fondée sur les sagesses locales. Et c'est un point qui pourra nous aider pour le Togo et d'autres villages.
Ici la dimension "spirituelle" du projet été questionnée, nous avons donc rencontré Mas Rur (maître Soufi qui a créé Al Qodir - pesantren dans lequel il recueille tous les enfants de la rue, il les éduque leur apprend un métier pour qu'ils deviennent autonome). Il fait tout cela sans moyen, nous avons longuement discuté des liens possibles avec le Boz, il nous a donné l'autorisation de donner le questionnaire à ses vieux disciples. Et c'est une personnalité fascinante et d'une ouverture d'esprit incroyable. Il est également entrain de construire un village avec toutes les religions du monde, alors pourquoi pas y mettre le Boz ?
Le rapport au questionnaire à Java est complexe, car l'écriture est avant tout sacrée. Peu de personnes ont accès à l'éducation. Et d'autre part, la question de Dieu ne se pose pas, car il est indiqué dans la Constitution de la République que l'existence de Dieu est indiscutable et qu'il faut croire.
Au fil des rencontres, nous avons pu nous introduire auprès des artistes, jeunes et moins jeunes. Nous avons discuté avec eux, et faisons des liens pour le futur.
Hier, lundi, j'ai présenté le projet Spirit of Boz au Centre Culturel Français autour du thème "religion & diversité". Le public peu nombreu est resté attentif ce qui est exceptionnel en Indonésie, car la concentration prend ici la forme de discussions, de cris, de jeux en ligne... Les questions ont été formidables et d'une grande richesse. Tous ont rempli le questionnaire.
Avec le directeur du centre culturel français, nous avons longuement discuté pour envisager une exposition Be Boz dans ses murs, pour faire le lien entre tous les artistes croisés.
Je ne peux citer tous les noms des personnes croisées, photographiées, etc. Mais nous avons pris leurs coordonnées dans le carnet. Il nous reste encore aujourd'hui et demain pour conclure, revoir les personnalités que nous avons apprécié et avec elles construire pour l'avenir sur cette île si fragile, soumise à la vie à la mort plus que nulle part ailleurs. La sagesse des coïncidences, le partage des énergies créatives, la co-existence des esprits et de la nature nourrissent la culture javanaise.
À cette heure, je croise les doigts pour ne pas avoir attrapé la dengue à cause des moustiques de jour... Mais tout va bien quand même un peu de fièvre (à suivre au retour donc). La Chine me relance pour le projet et forte de cette expérience en Indonésie, j'ai des idées à leur soumettre.
La suite en images sur le blog.... http://spiritofboz-indonesia.blogspot.com